Ce este Steampunk ?
Radesti Loop
Chicago Loop comunicat
Luca Arnaudo about Nicu Ilfoveanu
Photography in Contemporary Art. Trends in Romania after 1989
The Steam of Punk
caméra-box

La série proposée par Nicu Ilfoveanu semble chercher par tous les moyens à nous parler d'Histoire. D'entrée de jeu, son titre double fait allusion au procédé autochrome, invention qui permit l'apparition des premières photographies couleur, ainsi qu'au concept de Steampunk, sorte de néoromantisme attaché aux ruines de la révolution industrielle. De fait les images – prises avec une caméra-box "d'époque" – nous transportent aisément dans un souvenir collectif au goût de cartes postales, d'atmosphère communiste, d'enfance exaltée dans les friches… Mais si dans un final c'est l'Histoire qui est représentée, la friche industrielle ne se manifeste pourtant que parce qu'elle est présente dans le champ de vision, mêlée à d'autres signes : terrains vagues, trains, champs, qui sonnent comme des appels à sortir de la ville – de la sur-signification historique.
Pourquoi, sinon, cette impression invraisemblable de lenteur? En acceptant d'utiliser ce boîtier rudimentaire, qui produit des effets incontrôlables et exige surtout une durée d'exposition éprouvante, le photographe accepte du même coup de s'exposer au réel, de s'abandonner à l'instant qui passe, d'être en empathie avec le sujet. En choisissant un procédé contemplatif, il confirme ne pas focaliser son désir sur l'effet rétrospectif, mais bien sur l'ivresse de l'être-là, que l'appareil, simple intermédiaire, aide à incarner. Comme les bandelettes lancées par le Stalker dans le film de Tarkovski, Nicu Ilfoveanu semble répéter ce rituel, lieu après lieu, jusqu'à baliser un espace poétique qui contienne l'idée de l'image acceptable.
En ce sens, l'invitation à sortir de la ville est peut-être une invitation à se défaire du poids de la représentation, c'est laisser le temps aux images de s'emplir de lumière au point où l'éblouissement nous oblige à fermer les yeux… D'un seul tenant (sans démonstration), c'est la photographie au premier degré qui est révélée: celle qui parle du regard. Ainsi, loin de vouloir faire référence à une époque, le choix de l'outil le plus primitif devient le seul choix possible pour incarner une attitude, qui est d'être présent – et faire silence.

Agnès Birebent, 2010